Ce mois ci quelques réflexions sur le thème du numérique, de l’IA, un nouveau retour d’usage du set « Numérique éthique » auprès d’étudiants et en fin d’article les infos du café Métacartes ce vendredi 7 mars.
Anecdote : les IA, du Numérique parasite :
Nous avons eu de nombreux ralentissement en ce début d’année sur le site Métacartes rendant l’accès impossible à certaines heures de la journée. Après avoir écarte les hypothèses de problème du site lui même ou d’une infection par un logiciel malveillant, nous avons pensé que la cause pouvait être le moissonnage de données effectué par des robots explorateurs de chatpgt et consorts. Il s’avère que d’autres personnes ont eu le même problème, un administrateur de site comparant même cela à une attaque de déni de service (technique de neutralisation de site par un grand nombre de connexion simultanées).
Dans nos enregistrement nous avons remarqué plusieurs centaines de connexion de gptbot / jour ! Malgré la présence d’une instruction interdisant l’exploration par le robot chatgpt (via le fichier robots.txt prévu pour ça) celui-ci ne se prive pas de le faire ne respectant pas les instructions.

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Après avoir limité le nombre de connexion possible à 200 par minutes, le temps d’accès au site est redevenu normal.
Cette anecdote résume bien pour nous un problème de majeur du numérique aujourd’hui : le numérique en général et les GAFAM (acronymes désignant les entreprises géantes du numérique) ont atteint une forme extrême de parasitisme .
Non seulement les développeurs d’IA utilisent du contenu qui ne leur appartient pas (Le dernier exemple en date, c’est Meta, l’entreprise propriétaire de Facebook qui a sciemment entraîné son programe d’IA sur des terra octest d’ouvrages piratés) ), ne respectent aucun droit d’auteur, utilisent une énergie pharamineuse pour miner le web, mais en plus ceci se fait au détriment des producteurs de contenus aux mêmes (les hébergeurs web qui doivent payer plus pour servir les pages, les développeurs de sites qui voient leurs contenus inaccessibles).
Le saviez vous ? Ce phénomène a un nom, la merdification numérique, terme qui désigne la dégradation de qualité qui affecte progressivement les plate-formes numériques quand elles ne fonctionnent qu’avec la recherche de profit comme boussole.
Questionner les finalités avant les modalités
Même si vous n’êtes pas spécialiste du numérique, vous n’aurez probablement pas échappé à la techno-béatitude autour de l’IA. Nous voyons des collectifs de facilitateurs s’enthousiasmer pour l’IA qui permettrait d’être plus innovant et de faire gagner du temps, alors que de manière vraisemblable nous risquons juste d’obtenir plus de conformisme et que le gain de temps espéré se solde en fait par une accélération du rythme de réunion (Lire à ce sujet le brillant article de Florence Maraninchi Pourquoi je n’utilise pas ChatGPT).
Tout le monde se met dans la course, même si personne ne sait vraiment pourquoi. Et surtout tout le monde y va en courant alors que les impacts socio-environnementaux du numérique déjà préoccupants, risque de devenir catastrophiques.

Pour finir cet article nous voulons citer l’astrophysicien et philosophe français Aurélien Barrau qui exprime avec lucidité et précision pourquoi il faut interroger la finalités de nos systèmes (ici sur la transition écologique mais son propos s’applique aussi au numérique) :
Or, le vrai problème de notre temps, ce ne sont pas les modalités de ce que l’on fait, mais leur finalité. Quand bien même on parviendrait à totalement décarboner nos activités, cela ne changerait rien au fait qu’elles restent fondamentalement destructrices (extractivisme, artificialisation, réification du réel) et/ou aliénantes (IA, publicité, réseaux sociaux). C‘est la finalité qu’il faut interroger, pas la manière d’y parvenir.
(…)
Il est essentiel de ne pas se focaliser sur le fait que notre modèle ne soit pas soutenable : en un sens, c’est même une bonne nouvelle qu’il ne le soit pas. Le problème, c’est que notre modèle est « intrinsèquement de la merde » : ses finalités ne sont jamais interrogées.
(…)
Il faut opérer une révolution poétique qui consiste à incorporer la réflexion axiologique (les valeurs) dans tout ce qu’on fait. Il ne faut pas penser à l’intérieur du cadre, mais au contraire le faire s’effondrer. Le point nodal est de se demander : que souhaitons-nous ? Comment voulons-nous vivre ?
Plus que jamais nous pensons qu’il est essentiel de questionner collectivement les finalités d’usages du numérique et les aspect éthiques. Et si les Métacartes Numérique éthique permettent aussi de questionner ses modalités d’usages, c’est bien c’est bien pour questionner d’abord les finalités que nous avons conçu cet outil.
Nouveau retour d’usage numérique éthique
Chloë Breuillé, Designer, Formatrice et animatrice a utilisé les cartes pour animer un atelier sur les questions d’ éthique autour du numérique à destination d’étudiants. Elle nous partage un retour sur son usage. Ceci constitue le 7ème retour d’usage sur la boite à outil Numérique éthique.
Si vous aussi vous êtes dans l’enseignement ou la formation, n’hésitez pas à nous faire des retours pour enrichir le commun pédagogique ou à nous retrouver lors d’un café Métacartes pour échanger sur ce sujet.
Animation d’un atelier question éthique autour du numérique pour des étudiants
Prochain café Métacartes : vendredi 7 mars 2024
Autre moyen de nous rencontrer, le désormais traditionnel café Métacartes ! C’est un temps d’échange en visio, ouvert et gratuit, sans ordre du jour préalable. Venez échanger découvrir les usages des cartes, poser des questions ou partager des retours d’expérience avec nous.
Prochain rendez vous le vendredi 7 mars, 13h30 en ligne (sur inscription, limité à 10 places). Au plaisir de vous rencontrer !
Lien d’inscription à l’évènement :
https://mobilizon.fr/events/33967127-2e9f-41a2-ba73-c80b47897f63